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Parlons-en !

JULIEN RAYNAUD réenchante le monde

De l’observation à l’imprégnation, les œuvres de Julien Raynaud invitent à changer nos perspectives sur ce qui nous entoure et que l’on ne voit plus. Un véritable cadeau avec et sans filtre !

A voir
« Sans filtres »

Du 9 au 23 mars 2023
Mardi de 12h à 18h, du mercredi au vendredi de10h à 13h et de 14h à 18h, samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h, dimanche – lundi sur rendez-vous
Outsiders Galerie
7/9 rue Saint-Denis 76000 Rouen
outsidersgalerie.com
Instagram : @outsidersgaleries
Julien Raynaud : @julienraynaudart

Julien Raynaud

Les récits que déploient Julien Raynaud dans ses oeuvres, formes géométriques et couleurs s’ordonnancent de manière sensible pour former personnages et scènes de vie. L’oeil balaye d’abord la toile, captivé par une composition singulière au tracé impactant et à la palette pimentée. L’esprit s’empare ensuite de cette somme d’impressions visuelles qui fige avec virtuosité un instant de vie simple mais précieux. Enfin, l’émotion, source principale de toute prise de conscience, jaillit, puissante, incontrôlable, révélatrice. A travers son travail sensible et sincère, Julien Raynaud sublime l’ordinaire, cherche la beauté partout où elle se trouve, extrait l’essence au travers des apparences, immortalise avec justesse l’essentiel !

Comment est né ta signature picturale avec ces personnages géométriques, cubiques colorés ?
D’une insatisfaction [rire]. Mécontent de ce que je venais de dessiner, j’ai barré la feuille d’un grand trait. Mon œil a très vite été attiré par cette forme géométrique… et lorsque je me suis retrouvé devant une toile vierge, elle s’est imposée. J’ai tracé une première forme, une deuxième puis une troisième… qui ont formé un personnage. Dès lors, j’ai peins librement ce que je voyais autour de moi avec des formes géométriques. Etant autodidacte, cette démarche totalement libre m’a permis de créer mon style. Mais je n’imaginais pas exposer un jour. La peinture était le moyen d’extérioriser mes émotions, une question de survie !

Sans doute est-ce la raison pour laquelle tes œuvres sont aussi puissantes…
Etre peintre est une véritable nécessité. Si j’étais heureux, je ne peindrais pas [rire]. Face à la dureté du monde, je peins ce dont j’ai besoin, figeant des moments précieux que la vie ne pourra pas altérer, comme lorsque je peins des amoureux dans un paysage provençal par exemple. Et c’est mon rôle en tant que peintre d’offrir cette note joyeuse, pleine d’espoir, à travers les formes et les couleurs.

Face à la dureté du monde, je peins ce dont j’ai besoin, figeant des moments précieux que la vie ne pourra pas altérer.

Julien Raynaud

Justement, qu’est-ce qui te permet de garder espoir malgré tout ?
De sa voir que ce couple d’amoureux existe, bien qu’on ne le remarque plus, même si, pour beaucoup, peindre cette scène de vie est ringard [rire]. En tant que peintre, j’ai la chance de prendre le temps de voir ce que les autres ne prennent plus le temps ni de regarder, ni d’apprécier : des petits moments de vie simples mais précieux. Même si nous vivons une période particulière, des choses magnifiques se passent chaque jour et c’est, à mon sens, mon rôle de le rappeler. Ces valeurs essentielle sont les miennes.

Tu es donc hypersensible ?
Une éponge ! En cela, être peintre est à la fois un fardeau et un besoin, une manière de me faire du bien… et de faire du bien aux autres. Même si la genèse de mes peintures vient d’une blessure, d’un événement qui me touche, de la nostalgie…, une fois la toile terminée, je souhaite non seulement qu’elle me définisse, mais qu’en la regardant un enfant ou une personne âgée soit réconforté. Lorsque j’ai perdu mon grand-père, la toile que j’ai réalisée pour une exposition à Los Angeles était d’abord ultra sombre, liée évidemment à ma tristesse. En la regardant, j’ai compris que ce n’était pas l’image que j’avais envie de garder de lui. J’ai alors sorti mes plus belles couleurs et transformé la toile. Pour autant, je « filtre » beaucoup, m’interdisant encore pour l’instant de peindre certains sujets difficiles… alors que je les dessine.

En quoi « Sans filtres », ta prochaine exposition, est-elle particulière ?
Ma peinture demande beaucoup de patience et de longs moments de réflexion afin que la transformation de l’émotion brute soit réussie. Dans cette exposition, j’ai souhaité montrer ce processus de création uniquement « cérébral » en traitant chaque thème deux fois, l’une filtrée avec des aplats parfaits, des lignes pures… et l’autre sans filtre, une peinture instinctive, presque sauvage où l’énergie brute que le sujet m’inspire transparaît… et que, habituellement, je garde pour moi.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de révéler cet aspect de ton travail ?
Le besoin de spontanéité, de me lâcher totalement… J’ai même changé d’outils pour m’obliger à peindre différemment. Alors que d’ordinaire je réalise mes toiles au pinceau et à l’aréographe, pour les œuvres « sans filtres », le couteau associé à la peinture Abstract de Sennelier, idéale pour réaliser de magnifiques empâtements, s’est imposé comme une évidence, apportant de l’épaisseur et du mouvement. Markers et brosses sont ensuite venus compléter le couteau selon mes inspirations.

Marque-t-elle un tournant dans ta pratique artistique ?
Le vrai tournant est que, désormais, je ne m’interdis rien. Je continuerai donc à réaliser des toiles « filtrées », parce que j’adore cela, mais je ne veux plus m’y enfermer si je ressens le besoin de m’exprimer différemment. Un premier pas vers davantage de liberté dans la création. D’ailleurs, je présenterai une œuvre avec et sans filtre sur une même toile, fusionnant ainsi les deux séries.

Tu t’es donc autorisé à te livrer davantage au regard du spectateur…
Effectivement. Dans cette série « sans filtre », j’offre ainsi l’énergie du croquis, le relief du couteau pour des aplats rapides…

Quels thèmes as-tu traités à travers la vingtaine d’oeuvres présentées ?
Pour fêter mes dix années en galerie, j’ai choisi de traiter les moments magiques de cette période, de ma première exposition à Los Angeles préparée dans un garage parce que je n’avais pas d’autre endroit où peindre [rire] jusqu’à la femme avec l’enfant dans ses bras… puisque je suis désormais un jeune papa. Des sujets simples dans lesquels chacun peut se retrouver.

Devenir père va-t-il nourrir ton œuvre ?
J’en suis sûr, le plus précieux étant pour moi le regard de l’enfant… sans filtre. De voir évoluer ma fille me rappelle d’être authentique et sincère. Une simplicité que les enfants ont naturellement et que l’on perd en grandissant.

Outre l’exposition, as-tu d’autres projets ?
Relancer le projet « Les amoureux », fresques murales que j’ai réalisées en 2015 d’abord à la Roche-la-Molière et un an plus tard à Hong Kong, représentant un couple s’embrassant et devant lesquelles je me suis aperçu qu’enfants, jeunes mariés, couples… reproduisaient le bisou ! Soutenu dans ce projet par les peintures murales Caparol, j’aimerais ainsi semer de l’amour dans le plus de villes possibles. Une manière également pour moi de sortir de la solitude de l’atelier et de créer du lien.