Dans moins de 3 mois, la première édition de cette nouvelle grande foire artistique s’ouvrira au Grand Palais Éphémère, succédant à la FIAC. Une occasion pour Paris de revenir à la première place du marché international ?
Cette année, la FIAC, rendez-vous incontournable depuis 1974, ne donnera pas le lancement
de la saison du marché de l’art contemporain. Le groupe suisse MCH, organisateur des foires Art Basel en Suisse, à Miami et à Hong Kong ayant manifesté son intention de créer sa propre édition parisienne au Grand Palais, l’avant dernière semaine d’octobre – le créneau de la FIAC jusqu’alors –, la Réunion des Musées Nationaux a dû trancher… en faveur du «leader mondial dans ce domaine » capable « d’assurer une dynamique d’investissement indispensable au regard de l’évolution d’un marché de plus en plus concurrentiel et exigeant». Car la concurrence est rude dans le monde des foires artistiques. En 2000, on comptait une soixantaine de foires d’art dans le monde, et près de trois cents en 2020 ! Une évolution que le nouveau venu connaît bien : Art Basel a en effet été fondée en 1970 à Bâle, à l’initiative du célèbre marchand Beyeler
Changement…
Marc Spiegler, directeur général d’Art Basel depuis 2012 – et ancien journaliste – a dû se livrer à un savant dosage pour insuffler de la modernité dans la manifestation sans couper avec l’existant. Il a ainsi choisi de mettre en place une équipe rajeunie. Clément Delépine, 40 ans, galeriste – chez Bortolami, à New York, et auprès de Jean-Gabriel et Edward Mitterrand, à Paris –, cofondateur en 2015 de la foire d’art contemporain Paris Internationale, assure la direction épaulé par Virginie Aubert, ancienne vice-présidente de Christie’s France. « Ce changement de génération concerne moins le contenu de la foire d’art que la façon dont ce contenu est contextualisé et communiqué, c’est cela que nous cherchons », explique Mark Speigler. Le comité de direction comprend également Maxime Hourdequin, au poste de directeur adjoint, une fonction qu’il occupait déjà à la FIAC.
… et continuité
Quant à Jennifer Flay, elle rejoindra l’équipe en 2023 – une fois libérée de son contrat
actuel – comme présidente du comité de sélection. « On ne veut pas renverser la table et rompre une dynamique qui existait. Nous voulons aller plus loin », explique Marc Spiegler,
qui a également fait preuve d’un sens certain de l’équilibre dans la composition du comité de sélection : des galeristes français déjà présents dans celui de la FIAC (Niklas Svennung de la galerie Chantal Crousel ou Isabelle Alfonsi de la Galerie Marcelle Alix), Georges Philippe Vallois, ancien président du Comité professionnel des galeries d’art et farouche défenseur de la profession, mais aussi des acteurs new-yorkais importants, comme Anton Kern, fils de Georg Baselitz, ou Christophe Van de Weghe.
De grandes ambitions
Cette nouvelle manifestation va-t-elle s’imposer comme l’une des meilleures, sinon la meilleure foire du monde ? La capitale française ne manque pas d’atouts pour cela : le développement de ses nombreux musées, avec l’ouverture de la Fondation Louis Vuitton en 2014, de Lafayette Anticipations en 2018, puis de La Bourse de Commerce –Pinault Collection l’an passé ; l’activité des maisons de ventes, avec les françaises comme Artcurial ou Piasa, mais aussi les antennes de Sotheby’s et Christie’s ; l’ouverture d’espaces parisiens par plusieurs grandes galeries internationales (David Zwirner, White Cube et prochainement
Hauser & Wirth). Toutes participent d’ailleurs à cette première édition aux côtés des incontournables comme Perrotin, Almine Rech, Kamel Mennour, Gagosian, Thaddaeus Ropac… La sélection a dû être rude puisque, pour les 156 exposants retenus, plus de 700 candidatures ont été reçues. Visiblement, les professionnels jouent le jeu.