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Événements

POUSSIN, un peintre amoureux de l’amour

Parce que l’Amour, puissance inflexible aussi bien créatrice que destructrice, a constitué un sujet et une inspiration constante pour l’artiste, jusqu’à ses derniers chefs-d’œuvre,
cette exposition en livre quelques secrets.

Musée des Beaux-Arts de Lyon
20 place des Terreaux, 69001 Lyon

Du mercredi au lundi de 10h à 18h, vendredi de 10h30 à 18h
Prix : 12
mba-lyon.fr
Instagram : @mba_lyon

« Poussin et l’amour »
Jusqu’au 5 mars 2023

Considéré dès le XVIIe siècle comme le fondateur de l’école française de peinture, l’archétype du peintre-philosophe, Poussin est aujourd’hui célèbre pour ses tableaux austres, où la rigueur des lignes le dispute à la profondeur des sujets. Pour autant, le génie de Nicolas Poussin n’a pas encore livré tous ses secrets ! Qui sait en effet que, avant même son arrivée à Rome en 1624, le peintre a su conter la toute-puissance de l’amour, du bonheur qu’il inspire et des souffrances qu’il inflige, s’adonnant au pur plaisir de peindre en déployant une iconographie des plus licencieuses, et que certains de ses tableaux ont été jugés si érotiques qu’ils ont été mutilés, découpés, voire détruits, dès le XVIIe siècle ?

Poussin sous un nouveau jour
C’est donc grâce au thème de l’Amour que l’exposition révèle un Poussin inconnu, séducteur et séduisant, qui s’est fait remarquer par l’hédonisme titianesque de ses premiers tableaux romains, où les modalités de la domination de l’Amour sur les hommes comme sur les dieux sont déclinées et mises en scène à travers les mythes de l’antiquité gréco-romaine. Bien loin de l’image austère du peintre-philosophe qui s’est imposée pour le grand public, le musée des Beaux-Arts de Lyon montre ainsi un Poussin sensuel, voire érotique, mais aussi un peintre-poète proposant une méditation profonde sur la puissance universelle et tragique de l’amour. Dans la quarantaine de peintures et de dessins présentés, l’exposition donne à voir l’érotisme des corps, les plaisirs de l’ivresse et l’intensité des désirs dans des compositions audacieuses.
À l’origine de cette exposition, l’acquisition du tableau La mort de Chione réalisée en 2016 et que le musée des Beaux-Arts de Lyon entend mettre à l’honneur, comme il le fit en 2008 en organisant une exposition faisant écho à l’acquisition, en 2007, de La Fuite en Égypte du même artiste. Poussin séjourna en effet à de nombreuses reprises à Lyon et il fut lié à la ville par un important réseau de relations amicales et commerciales qu’il y développa. C’est ainsi que La Mort de Chione a été peinte pour le soyeux lyonnais Silvio I Reynon lors d’un séjour à Lyon de Poussin, vers 1622. Une autre œuvre a également donné naissance à cette exposition, Apollon amoureux de Daphné, un testament artistique inachevé prêté par le musée du Louvre. Ces deux tableaux représentatifs du maître, à l’aube puis au crépuscule de sa vie, invitent ainsi le visiteur à parcourir l’exposition.

Le parcours, qui s’organise en cinq sections, débute par « Le souffle de l’inspiration », où Poussin puise dans le réservoir de fables amoureuses que constituent les Métamorphoses d’Ovide, comme en témoignent les dessins les plus anciens. Puis, « Corps désirés » révèle l’importance du corps féminin dans l’œuvre du maître, sa récurrence produisant un effet hypnotique. Dans ces tableaux, Poussin montre les différents moments du désir : le regard éloigné, l’approche, le dévoilement et le geste entreprenant. La troisième section traite de la figure de Bacchus et de sa folie dionysiaque. On découvre ensuite avec « Amour et mort » le lien intime reliant Eros à Thanatos dans la peinture du maître. La mort apparaît ainsi, chez Poussin, comme le double funeste de l’amour. Enfin, la dernière section illustre le triomphe de l’Amour, sa toute-puissance, d’après le célèbre vers de Virgile qui a également inspiré le Caravage et Annibal Carrache : Amor vincit omnia et nos cedamus amori (l’Amour triomphe de tout et nous aussi cédons à l’Amour).

Poussin et… Picasso
Pensée dans la continuité de l’exposition Poussin et l’amour, une exposition-dossier propose d’interroger la place de l’héritage de Poussin dans la construction de l’imaginaire érotique inspiré de l’antique chez Picasso. Entre le 19 et le 25 août 1944, Picasso exécute une esquisse et une gouache d’après le Triomphe de Pan (1636) de Nicolas Poussin. Le Triomphe de Pan de Picasso de 1944 s’inscrit dans un corpus particulièrement riche de créations sur le thème du plaisir et des excès de la fête dionysiaque.