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Événements

100 fantastiques portraits de la Renaissance au Rijksmuseum

Cette galerie de portraits de la Renaissance, signés des plus grands maîtres, se découvre dans une scénographie imaginée par Jean-Michel Wilmotte, et redonne vie à d’illustres personnages pourtant parfois tombés dans l’oubli.
Par Joséphine Duncan

Empereurs puissants, aristocrates flamboyants et citoyens fortunés : jamais autant de portraits européens de la Renaissance n’avaient encore été réunis aux Pays-Bas. Plus d’une centaine de chefs-d’œuvre réalisés par les plus grands peintres, parmi lesquels Holbein, Dürer, Memling et Véronèse, sont à admirer au Rijksmuseum d’Amsterdam. Une ambitieuse exposition qui tient toutes ses promesses, notamment par des prêts exceptionnels en provenance de prestigieuses collections, celles du Kunstmuseum de Bâle, de la National Gallery de Londres, du Musée du Prado de Madrid ou encore de la National Gallery of Art de Washington, mais aussi par un design plutôt épuré conçu par Jean Michel Wilmotte qui sublime encore davantage chaque œuvre.

Laisser une trace…

Si, depuis l’Antiquité, le portrait a principalement pour fonction de rendre présents ceux qui sont absents ou de conserver leur mémoire à travers les années, il a connu son plein essor tout au long des XVe et XVIe siècles. Les « puissants » d’Europe n’ont alors eu de cesse de se faire tirer le portrait par les plus grands peintres de l’époque, un « besoin humain » semble-t-il remplacé aujourd’hui par le selfie accessible désormais au commun des mortels. La comparaison s’arrête évidemment là tant le travail des artistes est exceptionnel. En effet, alors même que les portraiturés étaient désireux de se montrer sous leur meilleur jour, les maîtres ont souvent su aller au-delà. Certes, la composition était mise en scène, certains mettant l’accent sur la beauté, d’autres sur l’autorité… Charles Quint a ainsi souligné sa puissance en se faisant immortaliser vers 1553 sous les traits d’un empereur romain ; Maarten van Heemskerck a donné l’image d’un peintre à succès, sûr de lui, dans un autoportrait en 1555. Pour autant, même à travers ces compostions « définies », notamment axées sur l’expression du visage, le symbolisme, la posture, l’arrière-plan et les vêtements, on retrouve le style de chaque artiste, chacun ayant sublimé à sa manière le modèle.

La naissance d’un genre

Parmi les chefs-d’œuvre présentés, le Portrait d’une jeune fille (vers 1470) de Petrus Christus, un des fleurons de la collection de la Gemäldegalerie à Berlin et premier voyage du tableau depuis 1994 ! C’est dire si l’événement est de taille… De petit format, seulement 29 × 22,5 cm, cette huile sur panneau du peintre primitif flamand n’en est pas moins exceptionnelle, notamment parce qu’elle marque une évolution stylistique dans les portraits de l’école flamande. Ainsi, le personnage n’est plus représenté sur un fond plat de couleur neutre mais présenté dans un décor en trois dimensions, avec une mise en scène réaliste, et, surtout, regarde le spectateur, comme pour l’interpeller. Acquise par les Médicis, la toile est mentionnée dans leur inventaire comme étant « un petit panneau peint avec la tête d’une dame française, coloriée à l’huile, le travail de Pietro Cresci de Bruges ». 99 tableaux sont ainsi à (re)découvrir, notamment le Portrait du marchand Jan Jacobsz Snoeck (1530) par Jan Gossaert, le Portrait de Ranuccio Farnese du Titien, le Double portrait de Jakob Meyer zum Hasen et Dorothea Kannengiesser (1516) par Hans Holbein le Jeune, ou encore un autoportrait de Sofonisba Anguissola (vers 1556), sans oublier deux pièces d’Albrecht Dürer : une huile, Portrait d’une jeune femme aux cheveux défaits (1497) et, un croquis, Portrait d’un
homme africain.

Au fil d’un parcours thématique divisé en neuf sections – Prie pour moi, Admire-moi, Aime-moi, Dessine-moi ou encore C’est moi – on admire ainsi des chefs-d’œuvre fragiles pour la plupart dans un magnifique écrin. L’occasion de découvrir de nouvelles thèses sur certaines toiles. On apprend ainsi que Hans Urmiller, chambellan du duc Guillaume IV de Bavière, peint avec son fils par Barthel Beham, n’aurait pas d’origines nobles selon les conservateurs. L’occasion également de (re)découvrir des toiles restaurées qui révèlent presque de nouvelles peintures, à l’image des Dix-sept gardes du Kloveniersdoelen d’Amsterdam, portrait de groupe datant de 1529 réalisé par le Néerlandais Dirck Jacobsz. Sa restauration, qui a duré dix-huit mois, dévoile un fond bleu et des
détails sur les chapeaux des personnages.

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