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Événements

Hervé Di Rosa rebat les cartes

Carte blanche à Hervé Di Rosa au musée de Valence à travers une sélection d’œuvres de l’artiste en dialogue avec les collections permanentes.
Par Joséphine Duncan

Pour la troisième édition de « All-Over », format d’exposition imaginé en 2018 offrant à un artiste d’investir le champ du musée afin d’offrir aux visiteurs une relecture des collections, le musée de Valence a convié l’artiste contemporain Hervé Di Rosa. Trublion de l’art depuis ses débuts en 1979, il est cofondateur du mouvement de Figuration libre avec Robert Combas, François Boisrond et Remy Blanchard, mais aussi le concepteur des arts modestes, dont il a fondé le Musée international (MIAM) à Sète, sa ville natale, en 2000. Peintre, céramiste, sculpteur, collagiste… Hervé Di Rosa impose la figuration dans ses œuvres en réaction à des décennies d’art conceptuel et intellectuel. Il mêle toutes formes d’art sans divergence culturelle et géographique, sans hiérarchie de valeurs entre culture et sous-culture. Inspiré par le graffiti, l’affiche, la BD, le Pop Art, le rock, le punk, la culture des banlieues… ses œuvres invitent tour à tour les beaux arts et les arts appliqués, l’art brut et l’art cultivé, l’art occidental et non occidental pour dénoncer avec une certaine dose de provocation les travers de la société.

Là où on ne l’attend pas

Celui qui défraye l’actualité artistique au début des années 1980, explore à partir de 1993 des savoir-faire traditionnels au gré de ses 19 étapes autour du monde qui l’amènent sur plusieurs continents. Après quarante ans d’une pratique caractérisée par une énergie inhabituelle, la démarche créatrice de Hervé Di Rosa est unique, marquée par une curiosité insatiable et une rare capacité de travail. L’artiste nous invite depuis longtemps à un déplacement du regard, ouvrant ainsi le domaine de l’histoire de l’art à d’autres horizons. Cette ouverture ne consiste pas seulement à créer des formes nouvelles mais à revoir sans cesse les créations passées et présentes dans une constante liberté. En répondant à l’invitation du musée de Valence et en disséminant plus de 200 œuvres parmi les collections permanentes déployées sur près de 4.000 mètres carrés, Hervé Di Rosa rebat une nouvelle fois les cartes sur un terrain où on ne l’attend pas, celui du rapport à la tradition, permettant ainsi une relecture originale de son œuvre. « Avec cette exposition au musée d’Art et d’Archéologie de Valence, la question des influences et des sources qui nourrissent et enrichissent le travail de Hervé Di Rosa est d’actualité puisque ses œuvres vont prendre place au sein des collections permanentes, en plus des espaces d’expositions temporaires, et se déployer dans trente-cinq salles, des sections consacrées à la préhistoire, aux antiques et à l’archéologie comme dans le parcours consacré aux Beaux-Arts qui chemine du XVIe et XVIIIe siècles », se réjouit Philippe Bouchet, commissaire de l’exposition.

Une relecture originale

À travers cette carte blanche, l’artiste s’oblige à une relecture de son travail. Ainsi, face à ses toiles de dimensions monumentales comme le Dirosapocalypse, Hervé Di Rosa pense avoir été influencé par Ernest Meissonier ou Horace Vernet, « bien plus que par la bande dessinée. Cela s’inscrit dans la réflexion qui est la mienne par rapport à la question de la légitimité, de l’histoire de « l’art commercial » sur laquelle je travaille depuis une vingtaine d’années. C’est cela mes démons : ce que d’aucuns considèrent comme le mauvais goût, l’art pompier, ma part d’ombre en quelque sorte. C’est la raison pour laquelle j’ai du mal à accepter la notion de kitsch que l’on associe à l’esthétique du pauvre ou du populaire, ce qui me dérange beaucoup ». Celui qui, à ses débuts, refusait le terme de peinture, parle désormais « d’images peintes. Si mon travail a partie liée avec les images, il est bien plus souvent rattaché à l’imagerie populaire, à sa récupération pour en faire du « grand art » plutôt qu’à l’histoire de la peinture et l’histoire de l’art en général qui, pourtant, ont participé à me fabriquer et à me construire ». Avec la démarche qui est la sienne, celle d’un artiste libre qui nous oblige à modifier notre point de vue, Hervé Di Rosa ouvre le domaine respectable de l’histoire de l’art à d’autres horizons et déroule un fil d’Ariane pour nous aider à ne pas nous égarer dans la production des images.

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