« Je ne pense pas à l’art quand je travaille »
L’auteur de cette modeste affirmation, Jean-Michel Basquiat ajoutait : «Je commence une image et je la termine. J’essaie de penser à la vie». Pourtant, nous avons souvent tendance à intellectualiser la création, et parfois à ranger les artistes dans des petites cases, avec des noms dessus. Les grands mouvements ne sont pas des constructions rationnelles et conscientes. Ils émergent parce que des artistes partagent, à un moment donné, les mêmes idées, les mêmes goûts et, le plus souvent, la même volonté de rompre avec les règles de la tradition. «Entre 1905 et 1912, l’abstraction jaillit presque au même moment en plusieurs endroits, sans que les artistes en aient eu connaissance», rappelle ainsi le critique Karl Ruhrberg. Un exemple frappant est donné par le travail de Hilma af Klint. Cette artiste suédoise, sans aucun contact avec les mouvements modernistes de l’époque en Europe centrale et occidentale, a peint ses premières oeuvres abstraites en 1906. L’air du temps, sans doute.