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Parlons-en !

Remi Bertoche : un nouvel « art de peindre »

Témoignant d’un plaisir de peindre absolu, les œuvres de Remi Bertoche nous invitent à découvrir une histoire hors du commun, et nous offrent un nouveau regard sur la peinture plein de fraîcheur, d’originalité et d’authenticité !
Par Gabrielle Gauthier

Sincères, émouvantes… les œuvres de Remi Bertoche lui ressemblent : toutes sont aussi généreuses qu’intenses. On y découvre l’histoire haute en couleurs d’un artiste dans l’âme, enthousiaste et positif, qui porte un regard sensible sur le monde qui l’entoure. En traçant sur la toile ses voyages, ses rencontres, ses découvertes…, il nous offre un art authentique qui marie les styles, les supports et les médiums avec aisance et simplicité. Son talent, il l’exprime en effet aussi bien sur une toile que sur un mur. Séduisant par une touche singulière parfois ponctuée d’éclaboussures, une palette puissante presque saturée, un trait vif, un geste maîtrisé…, son travail séduit inconnus et célébrités de la scène internationale. Il faut dire que les « live painting » de Remi Bertoche sont aussi impressionnants que ses fresques gigantesques ou ses portraits d’artistes.

Le surf, les voyages et la peinture. Comment tout cela a-t-il commencé ?

À 3 ans, j’ai réalisé ma première fresque murale malgré moi, en descendant l’escalier de la maison avec trois feutres sans bouchon dépassant de ma poche. Une fois arrivé en bas, j’ai vu mon œuvre sur toute la longueur du mur [rire]. Mes parents ont passé leur dimanche à nettoyer ! Et, malgré l’engueulade, cela ne m’a pas arrêté, au contraire. Mon histoire était en route… Le surf est arrivé ensuite. Dès mon plus jeune âge, j’ai davantage fréquenté les bancs de sable que les bancs de l’école [rire]. Je voulais faire les Beaux-Arts mais, n’ayant pas d’assez bonnes notes, on m’a dit que ce ne serait pas possible. À 16 ans, j’ai intégré le tour pro avec, à la clé les voyages. J’ai toujours eu avec moi un peu de matériel pour peindre mes planches, mes casquettes, mes fringues… et mes sponsors de l’époque y ont vu une opportunité. Cela m’a permis de créer des collections pour de nombreuses marques, d’intervenir pour décorer les stands des salons, de faire des rencontres… À 18 ans, j’ai quitté la maison ; à 20 ans j’ai rencontré la femme de ma vie et créé mon entreprise ; à 24 ans j’ai auto-publié mon premier livre de 180 pages…

Comment ces trois passions se nourrissent-elles entre elles ?

Assez naturellement puisque je me suis construit avec elles. Le voyage permet de découvrir d’autres cultures, d’autres paysages, d’autres personnes avec, à la clé, autant de galères que de joies intenses loin de chez soi. Quelles que soient les époques, le monde du surf a toujours intégré une forte communauté d’artistes ; ils m’ont d’ailleurs beaucoup inspiré. C’est pourquoi j’avais constamment un carnet de croquis pour dessiner tout ce que je vivais. Ma vie a ainsi toujours été créative.

Vos œuvres révèlent également bien d’autres passions car tout semble vous inspirer. Peindre est-il alors le moyen pour vous de capturer, retranscrire… l’émotion que vous ressentez à chaque rencontre, à chaque découverte… ?

En réalité, j’aime explorer, que ce soit traverser une jungle après 3 jours de voyage pour découvrir un spot secret, surfer des vagues au pied des icebergs… avec toujours un pinceau pour peindre un mur qui m’inspire, dessiner sur une simple feuille blanche à la terrasse d’un café, développer une idée… ou juste laisser aller mon imagination. Je m’inspire de tout ce que je vois et j’aime travailler toutes les matières. Je ne m’interdis rien ; je suis un vrai passionné… sans filtre !

À travers vos œuvres, outre le regard émerveillé sur ces rencontres et découvertes, on découvre votre histoire. Vous œuvres peuvent donc se lire comme le roman d’une vie passionnée et passionnante. Est-ce cela qui vous motive ?

Oui, c’est exactement ça. Il m’est arrivé des histoires incroyables : j’ai passé une nuit en prison en Russie, j’ai dormi dans la housse de mes planches de surf en Australie, j’ai peint pour le Prince Albert II de Monaco à trois reprises mais aussi pour le Roi du Bahrain et sur scène avec Matthieu Chedid, j’ai réalisé des « live painting » au Carlton pour les superstars pendant le festival de Cannes, j’ai auto-publié quatre livres, je me suis fait tirer dessus par des voyous… Ma vie est riche en émotions. Mais j’ai toujours su que l’on ne me donnerait rien et que, si je voulais quelque chose, il fallait que j’aille le chercher. D’ailleurs, quand on me dit « non », cela me motive pour me remettre en question, trouver le truc qui déclenchera un « oui ».

Votre recherche picturale vous entraîne vers des styles différents. Que répondez-vous à ceux qui pourraient vous reprocher de ne pas avoir un style propre ?

Je ne rentre pas dans les cases et ceux qui tiennent ce genre de discours rébarbatifs ont des œillères et ne m’intéressent pas vraiment. J’ai beaucoup de respect pour les artistes qui peignent dans leur style et vont jusqu’au bout de leur démarche. Mais si tout le monde aimait et faisait la même chose, ce serait triste ! Pour ma part, j’aime « réagir » à ce qui m’entoure : sur un grand prix de F1, je peins les voitures ; au Art Basel de Miami, je fais du Pop Art ; en voyage, ce sont la nature et les vagues qui m’inspirent ; dans mon atelier, je sculpte le métal… Quels que soient le médium et les challenges à relever dans les événements de prestige, je m’éclate. C’est mon truc ! Je revendique d’ailleurs d’être un artiste qui maîtrise toutes les formes d’art et tous les styles. Je me suis fait ma clientèle tout seul. J’aime répondre aux envies de mes clients et les satisfaire. Quand ils achètent une de mes œuvres, ils ont l’histoire à raconter qui va avec. C’est aussi grâce à eux que je vis de mon art et je leur suis particulièrement reconnaissant. Je sais d’où je viens, je suis heureux même dans les moments de galères car je sais que je m’en sortirai toujours… D’ailleurs je n’échangerais ma vie avec personne !

Quel que soit le style, vos œuvres ont toutes un point commun : elle sont intenses. Peut-on dire que c’est ce qui vous définit le mieux ?

Sûrement. J’adore le contraste, mettre différentes couleurs en harmonie, projeter de la matière… afin que l’on ressente cette intensité dans des œuvres très pures et minimalistes.

Vous n’avez probablement pas toujours carte blanche sur les projets que l’on vous confie. Comment travaillez vous alors pour « alimenter » votre créativité ?

Cela peut sembler étrange mais cela me plaît. Répondre à une commande est quelque chose de très gratifiant. C’est un « exercice » qui me permet de sortir de ma zone de confort. Et je ne suis jamais en panne d’idées ! Pour moi, plus on « travaille » son art, plus les idées viennent. Quand j’ai commencé, je me suis imposé de créer tous les jours pour vivre de mon art et je me tiens toujours à cette rigueur par plaisir. Comme beaucoup, je n’aime pas la contrainte, mais j’essaye de voir le positif même dans les situations négatives. Dans les moments difficiles, je me souviens des personnes que j’ai pu croiser lors de mes voyages et qui vivaient des situations bien pires que la mienne, alors je relativise et cela me donne la motivation pour m’en sortir et continuer mon chemin. Les projets que l’on me confie, je les accepte comme un cadeau et non comme un fardeau. Et même lorsque je n’ai pas carte blanche, je m’adapte et j’avance.

Vous peignez également beaucoup en « live ». Qu’estce que cela vous apporte ?

Cela m’apporte beaucoup, surtout la satisfaction de montrer que mon art est vrai ! Partir d’une toile blanche et permettre au public de suivre l’évolution d’une œuvre est quelque chose d’unique. Dans les foires d’art, je vois beaucoup « d’œuvres » tirées en séries numérotées, de concepts artistiques qui se ressemblent à grand coup de photoshop, de sculptures qui sortent d’un moule et se vendent à des prix hallucinants… En direct, impossible de tricher et c’est ce qui me plaît.

Et quelles différences faites-vous entre votre travail d’atelier, vos fresques et vos « live » ?

Dans l’atelier, je teste, je cherche, j’essaye de pousser la recherche… Pour les fresques, le mot clé est « commencer », même si cela paraît immense et infaisable, mètre par mètre, coup de pinceau après coup de pinceau… Et tant que je ne suis pas satisfait, je continue. En direct, je réponds souvent à une attente avec un thème établi ou, si j’ai carte blanche, à un timing lié à l’organisateur de l’événement. Ce sont trois approches aux antipodes qui me conviennent
car elles me nourrissent et se nourrissent entre elles.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Tout dépendra de la situation sanitaire. Si les frontières rouvrent, ce sera des « live painting » dans les événements internationaux prévus. Au printemps, je dois réaliser un mur d’école avec les enfants dans le sud ouest ; cet été, une fresque murale sur un blockhaus. Et j’ai également des projets personnels en sculpture. J’ai la chance d’avoir
des partenaires super chouettes comme Pébéo et Posca qui me soutiennent depuis longtemps et me fournissent le matériel dont j’ai besoin. Je ne les remercierai jamais assez !

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